Saraswati – Celle qui s’écoule
- Borislava Dumont

- 11 oct.
- 4 min de lecture
Saraswati…Son nom signifie « Celle qui s’écoule ».Elle est le courant vivant de la conscience, la vibration subtile qui relie le souffle, la pensée et la parole.Elle est la déesse du langage, de l’intuition créatrice, de la musique, de l’éloquence et de la sagesse spirituelle.
On dit que lorsque Saraswati bénit quelqu’un,
« un muet devient poète ».
Car elle est la grâce qui fait couler la parole vraie, la lumière de la connaissance qui transforme la confusion en clarté.
Les récits de Saraswati
On raconte qu’autrefois, un jeune garçon, fils d’un grand érudit brahmane, ne parvenait pas à apprendre les textes sacrés.Il se sentait stupide, indigne, incapable.Un jour, il rencontra une femme lumineuse sur la berge d’une rivière — il lui offrit de l’eau et un repas.Avant de partir, la femme toucha de son doigt sa langue…et soudain, il se mit à réciter des vers de poésie d’une beauté si pure que tous furent émerveillés.Cette femme, c’était Saraswati, révélant que la véritable connaissance naît du cœur ouvert, et non seulement de l’intellect.
Dans un autre temps, lorsque Brahma contemplait le chaos primordial, il ne savait comment créer un monde ordonné à partir de cette confusion.Alors, une voix s’éleva en lui :
« Par la connaissance, dit la Déesse.Et de la connaissance viendra l’action créatrice. »
De la bouche de Brahma surgit alors Saraswati, chevauchant un cygne blanc, tenant dans ses mains une vînâ, instrument à cordes.Elle vibrait du son primordial Om, le souffle à l’origine de tous les mondes.Et des cordes de sa vînâ jaillirent les mantras sacrés, les sons qui façonnèrent la lumière, les étoiles, les océans et la vie.Ainsi, Saraswati devint Vâgdevî, la Déesse de la Parole et du Son.
Un autre mythe raconte qu’un jour, Shiva ouvrit son troisième œil pour consumer le monde par le feu.Tous les dieux furent terrifiés… sauf Saraswati.Elle prit la forme d’une rivière et emporta le feu jusqu’au fond de l’océan, où il brûle encore doucement, sous la surface.Ainsi, elle devint le flux salvateur, celle qui canalise l’énergie ardente et la transforme en lumière de conscience.
Les symboles de Saraswati
Elle est vêtue de blanc, symbole de pureté et de clarté.Elle est assise sur un lotus, la fleur de la connaissance qui s’épanouit au-dessus des eaux de l’inconscience.Son cygne représente la sagesse discernante — celle qui sait distinguer l’essence du superflu.Son vînâ fait résonner la musique de la création, la vibration du souffle cosmique.Elle est associée à la lune, aux eaux claires, à la parole fluide, à la pensée lucide, à la création inspirée.
On invoque Saraswati pour :l’étude, l’apprentissage, la mémoire, la parole juste, la création musicale ou artistique, la méditation profonde, la compréhension subtile, et la communication harmonieuse.
Son bīja mantra est AIM — la semence du langage inspiré.
Séquence Saraswati – ouvrir la gorge et libérer le flot
1. Préparation – éveiller le souffle
Sukhasana + respiration ujjayi douce→ sentir le souffle sonore, éveiller le passage de la gorge.
Bhramari pranayama (le bourdonnement de l’abeille)→ faire vibrer la gorge, sentir la résonance intérieure.
(→ 5 minutes de centrage et de vibration douce)
2. Échauffement fluide – “The Flowing One”
Cat-Cow (Marjariasana–Bitilasana)→ respirer lentement, accentuer le mouvement de la tête : inspiration – tête en avant, gorge ouverte ; expiration – menton au sternum.
Dynamic Cobra flow (Bhujangasana doux)→ inspirer pour ouvrir la poitrine et la gorge, expirer pour relâcher.
Anjaneyasana (fente basse) avec bras levés, légère extension de la nuque — sentir le flot monter du bassin à la gorge.
(→ 10 min de mouvements ondulants, respirés)
3. Postures d’ouverture de la gorge et du cœur
(garder le souffle fluide, sans tension dans la nuque)
Bhujangasana (le cobra)
Allonger le cou, sans écraser les cervicales.
Visualiser la lumière monter vers la gorge.
Salamba Bhujangasana (sphinx)
Version douce : ressentir l’ouverture du haut du thorax et du cou.
Ustrasana (le chameau)
Ouvrir le cœur et la gorge ; garder la base stable, le regard vers le ciel ou le bout du nez.
Thème : se rendre disponible à la parole divine.
Setu Bandhasana (le pont)
Soutenir l’ouverture du thorax, la gorge s’étire naturellement.
Matsyasana (le poisson)
Posture emblématique de Saraswati.
La gorge et la poitrine s’ouvrent, le souffle circule librement.
Tu peux inviter à visualiser le courant clair de la rivière Saraswati s’écoulant depuis la gorge jusqu’au cœur.
Sarvangasana (la chandelle) ou Viparita Karani (jambes au mur)
En inversion douce, la circulation énergétique remonte vers la gorge, purifiant Vishuddha.
(→ 25 à 35 minutes, selon les variantes et la lenteur du flot)
4. Détente et transition vers la méditation
Balasana (l’enfant) : apaiser la nuque et le souffle.
Supta Baddha Konasana avec une couverture sous la tête : ouverture douce de la gorge et du cœur.
Respiration consciente : ujjayi très subtil, sentir le flot monter de la base vers la gorge à chaque inspiration.
(→ 10 min)

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